Sommaire de l’article :
- Une croissance qui ne passe plus inaperçue
- Un sport accessible… mais exigeant
- Des figures françaises qui inspirent
- L’influence de l’ADCC, du MMA et de YouTube
- Le bouche-à-oreille et la culture club
- Le futur : vers un jiu-jitsu plus visible ?
- Conclusion
Longtemps méconnu en dehors des cercles spécialisés, le jiu-jitsu brésilien (ou BJJ) connaît depuis quelques années un véritable boom en France. De plus en plus de clubs ouvrent leurs portes, les compétitions se multiplient, et les réseaux sociaux regorgent de vidéos, de tutos et de highlights spectaculaires.
Mais pourquoi cet engouement soudain ? Qu’est-ce qui attire autant de pratiquants, de tous âges et de tous horizons ? Dans cet article, on fait le point sur les raisons qui expliquent cette explosion du jiu-jitsu brésilien en France — et pourquoi ce n’est que le début.
Une croissance qui ne passe plus inaperçue
Depuis quelques années, le jiu-jitsu brésilien connaît un véritable essor en France. Ce qui était autrefois un art martial confidentiel, réservé à une poignée de passionnés, est aujourd’hui une discipline en pleine expansion. Le nombre de clubs explose, les compétitions se multiplient, et les pratiquants sont de plus en plus nombreux sur les tatamis.
Selon les estimations des fédérations et des acteurs du milieu, la France compte désormais plusieurs milliers de licenciés, et bien plus encore de pratiquants réguliers hors structure officielle. Dans les grandes villes comme dans les zones rurales, on voit fleurir des dojos qui proposent des cours pour tous les âges, tous les niveaux, et tous les objectifs — loisir, self-défense ou compétition.
Les compétitions, autrefois rares et régionales, ont pris une toute autre dimension. Tournois IBJJF, AJP Tour, Opens locaux, interclubs : presque chaque week-end, un événement est organisé quelque part en France. Cela crée une dynamique nationale et pousse les clubs à se structurer davantage pour répondre à la demande.
Enfin, les réseaux sociaux ont largement contribué à cette explosion. Sur Instagram, YouTube ou TikTok, on retrouve de plus en plus de contenus autour du JJB : extraits de combats, techniques expliquées, progressions de ceinture, témoignages… Des comptes comme @unik, @cfjjbfrance ou @wao.jjb participent activement à la démocratisation de la discipline. Le jiu-jitsu ne se pratique plus uniquement dans l’ombre : il se regarde, se partage, se commente.
Un sport accessible… mais exigeant
Le succès du jiu-jitsu brésilien en France s’explique aussi par son accessibilité. Contrairement à d’autres arts martiaux ou sports de combat, il ne nécessite aucun prérequis physique ou technique pour débuter. Pas besoin d’être souple, musclé ou expérimenté : tout le monde peut s’y mettre, quel que soit l’âge ou la condition physique.
Autre avantage : l’équipement reste minimaliste. Un kimono (Gi), une ceinture, parfois un protège-dents — et c’est tout. En No-Gi, un short et un rashguard suffisent. Pas de gants, pas de protections compliquées, pas de tatamis spéciaux à la maison. Cela rend le JJB très attractif pour les débutants.

Mais attention : si le jiu-jitsu est facile à commencer, il reste exigeant à maîtriser. C’est un sport technique, subtil, qui demande du temps, de la régularité et beaucoup d’humilité. La courbe d’apprentissage peut sembler lente, surtout au début. Mais c’est justement cette exigence qui attire un public en quête de progression, de dépassement de soi, et de clarté dans la progression (notamment grâce au système de ceintures).
En résumé, le jiu-jitsu brésilien réussit le pari rare d’être à la fois ouvert à tous et profondément stimulant. Une combinaison qui séduit aussi bien les anciens sportifs, les jeunes curieux, que ceux qui n’ont jamais mis les pieds dans un dojo auparavant.
Des figures françaises qui inspirent
Le jiu-jitsu brésilien en France n’explose pas seulement grâce à sa pratique accessible, mais aussi grâce à celles et ceux qui en incarnent l’esprit. Des compétiteurs de haut niveau, des professeurs passionnés, des clubs dynamiques : tous jouent un rôle central dans cette croissance.
Du côté sportif, plusieurs Français commencent à se faire remarquer sur la scène internationale. Des athlètes comme Reda Hamzaoui, Léon Larman, contribuent à faire rayonner le JJB français bien au-delà de nos frontières. Leur présence dans des événements comme l’AJP Tour ou l’IBJJF inspire une nouvelle génération de pratiquants ambitieux.

Mais l’essentiel se joue souvent dans les dojos. Les professeurs français sont de plus en plus nombreux à avoir atteint un haut niveau de maîtrise, souvent après des années d’entraînement en France, au Brésil ou aux États-Unis. Ils forment, structurent, accompagnent et transmettent une pédagogie adaptée à tous les profils, loin des clichés de violence ou de brutalité.
Enfin, certains clubs deviennent de véritables références locales. À Paris, Lyon, Marseille, mais aussi dans des villes moyennes ou des villages, des académies construisent leur identité : ambiance familiale, approche compétitive, enseignement rigoureux ou bienveillance radicale. Il y en a pour tous les goûts — et c’est ce qui rend la scène française aussi vivante.
L’influence de l’ADCC, du MMA et de YouTube
Si le jiu-jitsu gagne autant en visibilité, c’est aussi parce qu’il se trouve aujourd’hui à la croisée de plusieurs univers : celui du MMA, des compétitions internationales spectaculaires comme l’ADCC, et des plateformes vidéo où la pédagogie explose.
Les amateurs d’UFC découvrent souvent le JJB en regardant des combats au sol spectaculaires. La maîtrise du grappling, les étranglements, les renversements techniques… tout cela intrigue et donne envie d’essayer. De nombreux clubs voient arriver de nouveaux élèves qui viennent “pour mieux comprendre ce qu’ils voient à l’UFC”.
De leur côté, les compétitions internationales comme l’ADCC (Abu Dhabi Combat Club) attirent un public de plus en plus large. Leur format sans kimono, très spectaculaire, met en lumière des athlètes au style explosif, stratégique, parfois même acrobatique. Beaucoup de pratiquants français suivent ces événements en streaming ou sur YouTube, et s’en inspirent dans leur entraînement.
Enfin, YouTube et Instagram jouent un rôle pédagogique inédit. Il n’a jamais été aussi facile de trouver des vidéos d’apprentissage de qualité, en français comme en anglais. Des chaînes comme celles de Vincent Nguyen, Samir BenSaïd ou Samuel Monin permettent à des débutants de réviser chez eux, de mieux comprendre les positions, ou de suivre des conseils concrets pour progresser plus vite.
Ce mélange entre spectacle, apprentissage et culture de la diffusion transforme peu à peu le jiu-jitsu en une discipline plus connue, plus accessible et surtout… plus séduisante.
Le bouche-à-oreille et la culture club
Au-delà des compétitions, des réseaux sociaux et des figures médiatiques, une autre force agit discrètement mais puissamment : le bouche-à-oreille. Le jiu-jitsu brésilien, c’est souvent un ami, un collègue, un frère ou une sœur qui dit : “viens essayer, tu vas voir, c’est différent.” Et cette simple invitation suffit parfois à déclencher une passion de plusieurs années.
Ce phénomène s’explique en partie par la culture unique des clubs de JJB. Contrairement à de nombreux autres sports, ici, on ne se contente pas de faire un cours puis de rentrer chez soi. On discute après l’entraînement, on apprend les prénoms, on échange des techniques, on se revoit aux compétitions. Il se crée une véritable communauté autour de la pratique.
La fidélité des pratiquants est aussi liée à cette ambiance. Même si le sport est exigeant, les élèves reviennent parce qu’ils s’y sentent bien. Ils progressent, ils se sentent encadrés, et surtout : ils font partie d’un groupe. Cette dimension sociale est un atout énorme pour le JJB, notamment en comparaison avec des disciplines plus “solitaires”.
Les rituels de passage de ceinture, les stages avec des invités, les photos de groupe après un bon sparring : tout cela construit une mémoire collective et une identité forte. Le club n’est pas juste un lieu d’entraînement — c’est un repère, une famille, une école de vie. Et ça, forcément, ça donne envie de rester… et d’en parler autour de soi.
Le futur : vers un jiu-jitsu plus visible ?
Au vu de sa croissance, une question se pose naturellement : le jiu-jitsu brésilien va-t-il continuer à gagner en visibilité en France ? Tous les indicateurs semblent aller dans ce sens. Les clubs se professionnalisent, les événements s’organisent mieux, et les pratiquants deviennent de plus en plus actifs sur le plan local comme national.
On voit émerger de plus en plus de projets ambitieux : académies structurées dans les grandes villes, formations de coachs, partenariats entre clubs, plateformes de cours en ligne en français… Même les zones rurales commencent à voir arriver le JJB grâce à des passionnés qui montent de petits dojos dans des salles municipales ou des gymnases.
Le No-Gi, plus accessible en termes de matériel, séduit aussi un nouveau public. Plus proche du grappling et du MMA, il attire les jeunes en quête de dynamisme, et contribue à la diversification de la discipline. Le JJB se pratique désormais sous plusieurs formes, ce qui renforce sa capacité d’adaptation et d’attractivité.
Enfin, certains rêvent déjà d’un avenir olympique. Si le chemin est encore long, le jiu-jitsu a déjà franchi de nombreuses étapes : reconnaissance fédérale, standardisation des règles, multiplication des compétitions internationales. Même s’il reste un sport de passionnés, le JJB pourrait bien devenir un jour un sport de référence.
En attendant, une chose est sûre : le jiu-jitsu brésilien en France n’est plus une curiosité. C’est un phénomène. Et il ne fait que commencer.
Conclusion
Le jiu-jitsu brésilien en France est bien plus qu’une tendance passagère. Sa croissance s’appuie sur des bases solides : une pratique accessible, des valeurs fortes, une communauté soudée, et une visibilité grandissante grâce aux médias, aux compétitions et aux acteurs engagés.
Ce sport séduit parce qu’il est complet : physique, mental, technique, et profondément humain. Il attire aussi bien les jeunes que les adultes, les compétiteurs que les pratiquants du dimanche, les anciens sportifs comme les grands débutants. Et tout indique que cette dynamique va continuer de s’accélérer dans les années à venir.
Alors que vous soyez curieux, pratiquant occasionnel ou passionné confirmé, une chose est sûre : le jiu-jitsu en France est en train de changer d’échelle. Et il n’est jamais trop tard pour rejoindre le mouvement.
